mardi 24 août 2010

Rencontre avec Gaston

Samedi 7 août 2010

Acte 1

Le RDV est fixé à 8h00 devant le téléphérique de l'Aig. du Midi avec Bruno avec un bel objectif: la "Rébuffat", grande voie historique assez soutenue à la face Sud de l'Aig. du Midi.
On découvre avec stupeur la queue qui nous attend pour acheter les billets. 8h40 la caissière nous tend les billets en nous disant: vous avez la benne de 10h00 !!!Petit rétroplanning, appel au refuge qui nous dit qu'il n'y a qu'un seul service à 18h30, on sent que c'est mal barré pour la Rébuffat au vu du timing. Nico court chercher le topo à la voiture et on se décide sur une voie plus courte: toujours la Rébuffat, mais à l'Eperon des Cosmiques.Le topo indique 6 longueurs pour 120m et TD-: 3+, 4, un pas de 5+/6a pour franchir un toit, puis 4, 4+ et 3. Nico, plein d'optimisme et d'énergie, sort la phrase du jour en regardant le topo : "c'est pas ça qui va nous fatiguer!".
C'était mal connaître Gaston...

On rentre dans la benne à ... 11h00 (au aura poireauté au moins 3h...). Bruno fulmine (d’autant plus qu’au retour nous nous apercevrons qu’il y avait un guichet dédié aux guides et qui permettait de griller tout le monde).
Nous attaquons la voie vers 13h.



Une chute de pierre confirme qu'il ne faut pas s'attarder dans la cheminée de départ qui est glauque et craignos. Nous décidons de porter les sacs pour sortir par l'arête des Cosmiques. Nous faisons la première longueur en crampons, puis la seconde en grosses, avant de chausser les chaussons pour la suite qui se corse. Le sac est désormais bien lourd, même si Jérôme, qui grimpe en tête, s'est délesté d'une chaussure que lui portera Nico.Bruno passe élégamment le toit en disant "tu verras c'est bien bloc". Aurélie passe le toit sans trop de mal, après une bonne mise à sec et un tire-clou (sa spécialité). Jérôme attaque sereinement la longueur avec une fissure de départ en 5/5+, puis se positionne dans le toit : ça va passer tout seul.
Et ça, c’est le drame. Impossible de se rétablir, zéro prises (en fait elles y étaient mais difficilement visibles). Déjà exténué par cet effort, il décide de poser une sangle et de passer « à l’ancienne », en artif. Artif ou pas, avec le poids du sac qui tire en arrière, le passage est ultra-physique étant donné les effets combinés de l’altitude et du manque d’acclimatation.

S’en suit Nico, avec son sac digne d’une expé à l’Annapurna, et qui connait la même misère au même endroit. Comme Jérôme, il arrive au relais totalement époumoné et exténué, lâchant dépité la seconde phrase culte de la journée : « ah là là… j’ai vraiment pas le niveau pour ce genre de voies… j’ai vraiment pas le niveau ».

Au dessus de nous, la cordée de Japonais a fait un relais très inconfortable au dessus d’un mur de protogine qui semble bien raide. Après une courte longueur en «IV à Gaston », Bruno décide de faire une variante à droite qui semble plus facile. Avec le poids des sacs, la fatigue, l’altitude, les coinceurs à poser et le tirage, Jérôme arrive au relais épuisé, avec l’impression d’avoir fait un 6c de 50m. Nico, le rejoint, à peu près dans le même état. Aurélie et Bruno ont la caisse et on déjà enfilé les grosses et rejoint le départ des rappels (étant donné notre horaire de tortue, il n’est plus question de poursuivre par l’arête des Cosmiques, la soupe est en jeu).

Après 4 longs rappels bien raides, nous regagnons le pied de l’éperon et arrivons à 18h45 au refuge des Cosmiques tout proche.La fatigue étant passée, on réalise qu’on a passé une super journée, avec des paysages grandioses, tout en ayant un grand respect pour les anciens.
Le lendemain, il est prévu de faire la Rébuffat à l’Aiguille du Midi. Vu nos prestations de ce jour, ça s’annonce comme un bon challenge.
Dimanche 8 Août 2010
Acte 2

Finalement, c’est la météo qui aura décidé pour nous, il ne fait pas beau, l’Aig. du midi est entourée de brouillard, le vent rend l’atmosphère bien froide… la retraite est sonnée, direction le téléphérique.Là, le temps de traverser une galerie, on passe d’une fine arête de neige exposée et ventée sur laquelle on marche avec concentration, à la boutique de souvenirs du téléphérique où le passage est désormais obligatoire… Le changement de monde est très brutal.

Acte 3

Après une petite pause à l’OHM pour consulter les topos, nous décidons d’aller grimper à Barberine, faire une grande voie sur spits : Barbourine, TD+/240m/6c.
Grosses, gants et gore-tex contre tongs et T-shirts : de nouveau la transition décoiffe.Les 4 premières longueurs en 6a se déroulent dans le bouclier de dalles (la gay pride comme dirait Bruno), et permettent de bien s’échauffer. Aurélie randonne. Jérôme et Nico suivent en réversible.
Puis viennent les choses sérieuses avec un 6c de 50m assez raide, dans lequel on galèrera finalement moins que dans le 4+ de Gaston de la veille….
S’en suivent un 6b et un long 6b+. Ces trois longueurs difficiles forment un ensemble vraiment classe sur un superbe granit alternant du noir à l’orangé. La dernière longueur en 6a est assez physique et moins homogène.Retour à la voiture avec un coinçage de corde en règle pour Jérôme et Nico, avec à la clé le privilège de refaire le 6b pour aller décoincer (« vas-y Jérôme, tire au clou, quand la montagne se comporte de cette façon, y’a plus d’éthique! »).

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